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A Belgrade, les jardiniers sont responsables des taches noires sur les remparts

Depuis une vingtaine d’années, les murs en calcaire des fortifications de Belgrade sont maculés de croûtes noires. Récemment encore, ces atteintes étaient attribuées au dioxyde de soufre dégagé par le chauffage au charbon des habitants de la capitale serbe. En effet, au-delà d’une certaine concentration de dioxyde de soufre, des pluies ou des brouillards acides peuvent se former, conduisant à l’apparition de sulfates calciques et de carbonates « noirs » qui donnent un aspect peu esthétique aux façades. Philippe Colomban, chercheur au CNRS, l’Université de Belgrade et l’Institut des routes de Serbie ont recherché l’origine de ces dégradations. Les analyses ont mis en évidence d’importantes quantités de syngénite. Ce sulfate double de potassium et de calcium se forme habituellement sur les vitraux potassiques du Moyen Âge et les constructions en granite ou utilisant un mortier contenant du potassium. Jamais il n’avait été encore observé sur des pierres en calcaire très pur. En cherchant dans l’environnement immédiat des remparts, il s’est avéré que le sol bordant les murs avait un taux de potassium anormalement élevé. Ces terrains accueillent des plates-bandes fleuries que les jardiniers fertilisent abondamment avec un engrais riche en potassium. Une simulation de l’action d’une eau acidifiée et chargée en potassium sur des morceaux de calcaire a confirmé qu’il se formait bien de la syngénite. Belles fleurs et conservation du patrimoine monumental nécessitent donc un subtil dosage de l’apport en potassium afin d’éviter cette pollution. Des mesures sur site sont prévues pour cartographier l’ampleur du phénomène.

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