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Sauvé des eaux ! Récit de chantier au fort de la Conchée

Œuvre majeure de Vauban, le fort de la Conchée protège Saint-Malo depuis le 17e siècle. Fortement touché par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, l’association La compagnie du fort de la Conchée œuvre depuis 1988 à la restauration de la forteresse militaire. La trentième année de travaux a permis la restitution de l’entrée sud.

Au milieu des eaux

Difficile d’accès, isolé, le fort est soumis aux fortes mers et aux vents violents. « C’est un milieu marin, très corrosif, les matériaux sont soumis à rude épreuve, y compris les téléphones portables », explique Olivier Weets, Architecte en chef des Monuments historiques. Les faîtages et mortiers de scellement sont particulièrement sollicités. En cas de forte mer, les vagues atteignent la couverture du bâtiment, c’est pourquoi il faut bien veiller à la protection du chantier, protéger les arases par exemple pour éviter toute pénétration d’eau.
Cette situation nécessite une logistique de chantier assez lourde. Les matériaux ainsi que l’eau sont acheminés par héliportage. « Tout est arrivé en une journée, raconte Benoît Rochard, cogérant de l’entreprise de couverture éponyme, les éléments de charpente ainsi que les ardoises spécialement conditionnées par petites palettes, l’hélicoptère ne pouvant porter que 600 kg à la fois. » Plus de vingt trajets ont donc été entrepris ce jour-là.

Un chantier Monuments historiques

Classé au titre des Monuments histo­riques depuis 1984, le fort est en partie restitué à partir de plans anciens du 18e siècle. Le logis a fait l’objet l’été dernier de travaux de maçonnerie, de sculpture, de charpente et de couverture. « Nous avons posé 80 m2 pour composer la nouvelle couverture du logis », déclare Benoît Rochard. « La qualité de l’ardoise doit être excellente, cette exigence est liée aux Monuments historiques, ajoute Olivier Weets, l’ardoise très épaisse, de 9 mm environ, est clouée sur volige avec des clous carrés et crantés. »
Sur les versants de la toiture, des lucarnes ont été créées. La partie en abside, arrondie, est la plus technique à réaliser : couverture régulière, brouillée et taillée de biais, la précision est de rigueur pour allier esthétisme et efficacité de l’étanchéité. « C’est un chantier atypique et emblé­matique pour nous, Malouins, confie Benoît Rochard, c’est une grande fierté d’être intervenu sur le fort. »

En cas de forte mer, les vagues atteignent la couverture du bâtiment. L’ardoise très épaisse, de 9 mm environ, est clouée sur volige avec des clous carrés et crantés. 
©Patrice Benoist 

Des lucarnes ont été créées sur les versants de la toiture.
©Patrice Benoist 

Des conditions de travail singulières

Les deux couvreurs sont intervenus en juillet et en septembre : déposés par navette le lundi matin, ils travaillaient et vivaient au fort jusqu’au jeudi soir. Bernadette Benoist, membre de La compagnie du fort de la Conchée, commente : « Les ouvriers dorment dans les logis, sous tente, pour se protéger de l’humidité et de la poussière. Exerçant depuis trente ans maintenant, les entreprises sont désormais aguerries quant aux conditions de vie sur le fort. C’est un plaisir de travailler avec des professionnels passionnés par leurs métiers et qui savent s’adapter à ces contraintes si particulières. »

Partie en abside, arrondie : couverture régulière, brouillée et taillée de biais.
©Patrice Benoist 

Entreprise de couverture : A. Rochard & Fils
rochard-couverture.com
Ardoises : Cupa Pizarras
cupapizarras.com/fr