Accueil » Actualités » Château médiéval disparu et jeu de paume à Villers-Cotterêts

Château médiéval disparu et jeu de paume à Villers-Cotterêts

Destiné à accueillir la future Cité internationale de la langue française, le château de Villers-Cotterêts fait l’objet depuis 2019 d’un chantier de restauration d’envergure. Au cours de l’été 2020, une première fouille menée par les archéologues de l’Inrap et du service archéologique de l’Aisne a porté sur les abords du logis royal et la cour du jeu de paume. Une deuxième fouille se déploie actuellement dans la Cour des Offices, sur une surface de 3700 m².

Une des principales problématiques des archéologues concerne le château médiéval, arasé au début du XVIe siècle, dont ni le plan, ni l’évolution au cours du Moyen Âge ne sont documentés par des archives. Les fouilles archéologiques menées entre mai et août 2020 ont permis de reconstituer en grande partie son plan. Les archéologues ont ainsi montré que le logis Renaissance prenait appui à son arrière (nord) sur la semelle du château médiéval et qu’il a été construit avec les pierres retaillées de ce dernier. Ils ont également mis au jour les vestiges d’une tour carrée, un grand fossé défensif (large de 13-14 m et profond de 6,5 m) ainsi qu’un réseau de canalisations. Un autre grand fossé protégeait la basse-cour médiévale. Les archéologues y ont mis au jour de nombreuses fosses, un puisard et des latrines mais aussi, au centre, un grand bâtiment. De plan rectangulaire, long de 18 m et large de 5 m, il comprend au moins trois pièces. Il est daté de la fin du Moyen Âge mais sa fonction reste pour l’instant inconnue.

À Villers-Cotterêts, François Ier érige une demeure royale au cœur du Valois et de la forêt giboyeuse de Retz, dans le cadre d’un vaste programme de construction de châteaux royaux. Afin d’ériger les deux grandes ailes des Offices, le fossé sud de la basse-cour est comblé et le grand bâtiment est arasé. La fouille a remis au jour les murets soutenant des galeries connues par des plans et gravures des XVIe et XVIIe siècles et situées le long des murs des Offices. Les archéologues ont également exhumé une canalisation en terre cuite glaçurée participant du système d’adduction d’eau et qui, venant de la forêt, alimentait le château, les fontaines et son fossé sec. La fontaine apparaît sur les plans anciens mais il n’en reste plus que le socle et la cuve centrale.

La cour de l’ancien logis de François Ier accueillait un jeu de paume, connu grâce au plan réalisé par Jacques Androuet du Cerceau vers 1570. L’âge d’or de ce jeu de balle, très prisé par François Ier et par la Cour, s’étend de la fin du XVe au premier tiers du XVIIe siècle. Celui de Villers-Cotterêts est ceinturé par les façades de la cour centrale, bordées de galeries. Les rebonds spectaculaires des esteufs (balles) sur ces parois, exigeaient de la part des participants une grande dextérité qui « épate la galerie ». Les archéologues ont mis au jour le radier de pierre, initialement couvert par un dallage de terre cuite que l’on appelle le « carreau » (d’où l’expression « rester sur le carreau »). Au centre de la façade est, le mur présente un biseau, nommé tambour, qui permet de surprendre l’adversaire en produisant des rebonds aléatoires. Parmi les cinq jeux de paume ayant fait l’objet d’une fouille archéologique en France, celui de Villers-Cotterêts est le plus ancien. Il appartient à une époque où les règles et l’architecture du jeu commencent à se fixer. Les trois jeux de paume précédemment mis au jour par l’Inrap à Versailles (celui de Louis XIII), Marseille et Rennes datent du XVIIe et XVIIIe siècles.

Aménagement : Centre des Monuments Nationaux
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Hauts-de-France)
Recherche archéologique : Inrap/service archéologique de l’Aisne
Responsables scientifiques : Bénédicte Guillot, Inrap ; Thierry Galmiche (département de l’Aisne)
Responsable scientifique jeu de paume : Aurélie Raffin, Inrap

Photo : Fosse latrine rectangulaire construite en pierres de taille. Le conduit d’alimentation est creusé dans le contrefort (front nord). M. Poux, Inrap