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Décapage d’’une façade Art nouveau

L’’Art nouveau – ou « style nouille » selon ses détracteurs ! – est une expression artistique globale née à la fin du 19° siècle où les créateurs, rejetant les traditions de l’époque, ont exploré et mis en valeur à travers des interprétations audacieuses les courbes exubérantes de la nature. Il est particulièrement bien représenté sur cette façade lyonnaise d’une grande élégance. Malheureusement, les surfaces et les matériaux avaient été traumatisés par les nombreuses couches de peinture que l’on avait cru bon d’’y appliquer depuis l’’après-guerre.

Une construction composite

Il s’’agit d’’un bâtiment R+6 composite au niveau de sa façade : d’’une part, toutes les modénatures et les décorations des fenêtres sont en pierre apparente, de belle facture ; d’’autre part, les comblements sont en moellons de pierre enduits. L’’ensemble était entièrement peint, ce qui présentait l’’aspect peu engageant d’’une sorte de croûte épaisse et dénaturait totalement l’’esthétique de l’’ouvrage. Les travaux antérieurs avaient consisté à enduire la façade de pliolite, puis à la silicater, puis enfin à la ravaler plusieurs fois au fil du temps, sans autre précaution qu’un simple rinçage suivi d’’une nouvelle couche de peinture. Inutile de dire que de tels traitements n’’ont pas contribué à un résultat optimal.

Le choix du décapant

Aujourd’’hui, il y a une réelle volonté de tous les décideurs publics et privés de réhabiliter intelligemment le beau bâti dans la presqu’’île lyonnaise : le maître d’’ouvrage a donc confié le décapage de cette façade à L’ICEF (L’’Industrielle de chimie élaborée française) dont le dirigeant, Christian Galéa, explique :« Nous décapons les surfaces avec le Feltor Aquagel, une formulation originale issue de nos laboratoires que l’’on applique au pistolet pneumatique. C’’est un décapant sans aucun des solvants que l’’on rencontre habituellement dans les décapants pour peintures, on n’’y trouve ni chlorure de méthylène ni solvant aromatique. Ininflammable, il ne contient aucun élément toxique ni nocif. ». Il est également possible d’’appliquer le Feltor à la main, à l’’aide d’’une spatule, mais « nous avons constaté par expérience que l’’application mécanique par projection donnait de meilleurs résultats car la couche de produit est étalée de façon beaucoup plus uniforme, notamment dans le cas de sculptures ou de motifs complexes, comme nous le voyons ici »

La technique de décapage

Sur l’’immeuble du quai Saint-Vincent, le produit a été appliqué le matin, puis on l’a laissé agir pendant environ trois heures. Les vieilles couches de peinture ont ramolli et gonflé. Ensuite, l’’élimination s’’est effectuée manuellement, par raclage et grattage à la spatule. « Sur les parties ouvragées et sculptées, ce grattage manuel est très efficace, reprend Christian Galéa. On redécouvre enfin l’’oeœuvre originale des créateurs de l’’époque dans toute sa fraîcheur. Sur les parties qui vont rester en pierre apparente, nous avons projeté une seconde couche légère de décapant, qui a été éliminée par lavage à basse pression. » Le Feltor est le fruit de quinze années de recherches au sein de L’ICEF et le produit s’’améliore constamment : d’’année en année, les chimistes affinent les formules afin de gagner toujours davantage en performance. L’ICEF, dont les actions se développent de plus en plus dans le secteur patrimonial, se consacre également à la fabrication et à la mise en œoeuvre de produits de nettoyage des façades non peintes, de protection de la pierre et de patines à l’’ancienne.

Un véritable sauvetage

Christian Galéa s’élève contre certaines pratiques dans le métier : Il y a aujourd’’hui beaucoup de peintures dites minérales sur le marché, mais, en fait, la plupart sont silicatées. Nous nous battons contre ce lobby, qui est extrêmement bien implanté et très puissant. » Y a-t-il un réel danger pour les façades anciennes que l’on aurait ravalées à la légère ? « Bien sûr ! En mettant à nu ces façades, nous les sauvons. Nous en avons déjà décapé plusieurs dont les modénatures avaient été tellement dégradées par les traitements précédents qu’’elles tombaient carrément sur le trottoir ! En fait, les façades mal traitées sont étouffées. Une desquamation se produit, des fissures se créent, l’’eau s’’infiltre, et avec les cycles gel/dégel, tout s’’écroule. » Une bonne leçon à retenir.

Détails de mise en œoeuvre

Le Feltor de L’ICEF s’’applique aussi bien au pistolet pneumatique qu’’à la brosse carrée ou au rouleau en passes croisées, selon les sites. Son élimination s’’effectue manuellement au scraper ou au riflard. Attention : le produit n’’aime pas les températures trop basses, il faut travailler entre +5°C et +30°C pour obtenir les meilleurs résultats.

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