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Irlande : l’église de Rush devient une bibliothèque

Rush est une petite ville située sur la côte est de l’Irlande, à une trentaine de kilomètres au nord de Dublin. Au 18e siècle, elle était surtout connue pour être un repaire de contrebandiers, patrie du fameux bandit Jack Connor, également connu sous le nom de Jack Field, et du célèbre pirate Luke Ryan, né à Rush en 1750. Ce dernier se mit au service des Français au cours de la guerre d’indépendance des États-Unis d’Amérique : aux commandes de son navire, le Prince noir, il attaqua et pilla la flotte anglaise avant de trouver une fin tragique dans une prison de Londres, à 39 ans. Plus paisiblement, la vocation maraîchère de Rush a également contribué à sa réputation. Aujourd’hui, avec deux belles plages venteuses et la proximité de l’île de Lambay, sur laquelle se dresse un château du 16e siècle, Rush attire les jeunes amateurs de planche à voile que la fraîcheur de la mer celtique ne rebute pas. L’église catholique décrite ici date du 19e siècle, et le projet de réaménagement a été primé par l’Ordre des architectes irlandais dans la catégorie rénovation/transformation. Notons que dans l’environnement immédiat du bâtiment, l’’ancien cimetière a lui aussi été transformé : il est devenu un grand espace minéral rythmé par de longues plates-bandes rectilignes, florales et potagères.

Le mariage du bois moderne et de la pierre ancienne

Le parti pris du projet architectural du programme de rénovation est d’abord fondé sur la réalisation d’un immense plateau sinueux en bois de noyer d’’Amérique qui couvre en grande partie le sol de la nef centrale. De chaque côté, des cloisons également en noyer soutiennent deux galeries au niveau supérieur. On crée ainsi une structure en U inversé, très pleine, qui vient occuper complètement l’’enveloppe existante. Ces deux galeries ne sont pas symétriques : l’’une est plus étroite, tandis que l’’autre est plus large et surplombe le comptoir principal au rez-de-chaussée tout en abritant à l’’étage une salle prévue pour accueillir à la fois des réunions et des spectacles. Cette asymétrie et cette différence entre les niveaux évoquent un espace urbain, une rue sinueuse qui se développe sous les galeries et vient briser la traditionnelle ligne droite de la nef entre l’’entrée principale et l’’autel.

Une utilisation originale de l’espace

Toutes les zones consacrées aux fonctions secondaires et techniques de l’établissement ont été regroupées dans le réseau de chapelles latérales et dans la sacristie. Les nuances riches et sombres du noyer américain contrastent avec les enduits clairs à la chaux des murs d’’origine. Le rapport inattendu entre le bâti existant et le neuf est réussi, et le volume originel de l’’ancienne église est ainsi transformé et réinterprété en un arrière-plan lumineux où chaque partie est mise en valeur. Pour respecter soigneusement la vocation initiale de l’édifice, les architectes ont créé des espaces pleins et vides afin de souligner certains éléments séculaires : c’est notamment le cas pour l’’ancien confessionnal, qui se transforme ici en espace d’écoute musicale. Une ouverture supplémentaire a été percée dans le plafond il s’agit là d’une création architecturale tout à fait novatrice – afin de faire apparaître un puits de lumière, une évocation élégante d’une intervention divine dans un univers de culture.

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