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La lente restauration des Bas-reliefs de la Roche-Guyon

Après bientôt deux siècles, la terre cuite des bas-reliefs du château de La Roche-Guyon était rongée par la cristallisation des sels, principalement le gypse. Pour conserver ces œuvres, il a fallu extraire les sels de la terre cuite et la protéger contre une nouvelle contamination. Les quatre bas-reliefs ont été restaurés par Olivier Rolland, sous le contrôle scientifique et technique de la conservation régionale des monuments historiques (Serge Pitiot puis Colette Aymard, puis Marie Monfort) et du conservateur des antiquités et objets d’art Christian Olivereau. Deux premiers reliefs, dans les murs de la nef, ont été déposés fin 2010. En 2011, des tests prudents, par étapes, sur des fragments de taille croissante, ont montré que cette terre cuite supportait un séjour prolongé dans l’eau, ce qui a permis son dessalement par bains successifs de longue durée en 2012 et 2013. Les deux reliefs dessalés et restaurés, montés de manière réversible et sécurisée sur un support étanche, ont été reposés au printemps 2014. Fin 2016, les deux derniers reliefs, dans l’abside, ont été déposés à leur tour. La dépose mit à jour des restes d’esquisses des mêmes reliefs peintes à l’huile sur le fond de plâtre qui devaient servir de modèles avant exécution car elles sont conformes aux bas-reliefs réalisés. Les reliefs ont été dessalés par bains en 2017 et 2018 et doivent être prochainement reposés en respectant les restes d’esquisse qu’ils couvriront à nouveau. La DRAC Île-de-France a fait le choix de recouvrir les peintures de mise en place qui ne sont en rien comparable à l’œuvre originale. Il s’agit d’une simple mise en place très littérale qui reproduit l’emplacement et le contour des personnages des bas-reliefs. Contrairement aux sculptures, elles ne sont pas dégradées, ce qui montre que l’œuvre a trouvé un équilibre mécanique physique et chimique avec la paroi qu’il serait risqué de perturber par une dépose. Déposer une peinture murale n’est pas du tout un acte anodin mais une opération si risquée qu’elle n’est pratiquée qu’en cas de destruction ou de dégradation trop grande du support, ce qui n’est pas le cas ici. En effet, il s’agit quelle que soit la technique retenue d’un arrachement de la couche picturale du support qui occasionne systématiquement des pertes de matières (le support étant cassant et friable) et met en péril sa conservation à long terme. Le fait qu’elle soit gorgée de sels plaide d’autant plus pour un maintien en place qui évite de perturber l’équilibre dans lequel elle se trouve. La transposer sur un support après arrachement tout en la conservant dans la chapelle humide présenterait d’énormes risque pour la conservation des peintures à long terme. Ici, la DRAC a donc appliqué le principe de précaution qui consiste à la maintenir en place au prix d’un recouvrement, selon sa structure initiale telle qu’elle a été conçue. Le procédé adopté est totalement réversible et protecteur.

Photo : Bas-reliefs restaurés, Clair et Pience, futurs martyrs, mettent en terre le corps de Saint Nicaise – DRAC Île-de-France