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L’escalier en vis du château de Grignan est en fait un « cabinet d’aisance »

Le « beau cabinet » de la marquise de Sévigné au château de Grignan dans la Drôme, est l’objet de travaux entrepris par le Département : ils s’inscrivent dans le programme de valorisation du XVIIe siècle au sein du parcours de visite. Des travaux sur les décors et les maçonneries, au deuxième étage de la tour sud, ont révélé, au fond d’un placard, une maçonnerie équivoque. Elle se trouve à l’intérieur du cabinet d’écriture de la marquise, dans le prolongement de sa chambre. Identifiée comme vestige du noyau d’un escalier en vis dont la présence était suspectée à cet emplacement, une expertise archéologique a été demandée à l’Inrap afin d’étayer cette hypothèse. Mais les archéologues ont écarté cette possibilité : la maçonnerie n’avait rien du noyau d’une vis mais tout d’un « cabinet d’aisance ».

La fouille a montré que l’installation du système de latrines a été intégrée au projet de construction de l’aile dit « des prélats » de 1686 à 1689. De dimension modeste, le « placard » forme un cul-de-sac au fond d’un petit couloir biais. Il mesure 1,80 m de haut sur 0,75 m de large environ. L’ouvrage, doté d’une assise d’une cinquantaine de centimètres de haut, est constitué de deux blocs de pierre de taille superposés, enchâssés dans la fourrure du mur. Les deux blocs sont en calcaire tendre à grain fin soigneusement taillés notamment dans les parties internes. Ils sont percés d’un creusement tubulaire oblique régulier qui rejoint un creusement vertical de même dimension destiné à recevoir la ligne d’évacuation en céramique. Celle-ci est constituée d’un assemblage de tuyaux à collerette emboîtables. L’extérieur reste brut de cuisson mais l’intérieur est recouvert d’une glaçure plombifère. Ces « bourneaux » (en provençal) induisent un surcoût notable mais leur étanchéité est garantie, la dépose de concrétions est retardée et la solidité de l’assemblage renforcé. Fait peu commun, l’ouvrage est associé à la canalisation des eaux de pluies qui se présente comme une véritable « chasse d’eau ». La destination des flux, à ce stade de l’étude, reste inconnue.

Aménagement : Département de la Drôme
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie, Drac Auvergne – Rhône-Alpes
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Guillaume Martin, Inrap

Source : Inrap
Photo en-tête :Château de Grignan (Drôme). © Christel Fraisse, Inrap
Photo texte : Latrines en cours de fouille. © Guillaume Martin, Inrap