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Louvre : travaux immenses pour les arts de l'Islam

En 2004, un concours international d’architecture et d’ingénierie a été lancé pour
la création des espaces muséographiques et techniques du département des arts de l’Islam dans la cour Visconti. Parmi 52 candidatures enregistrées, le jury a sélectionné le projet de Mario Bellini
et Rudy Ricciotti, associés au muséographe Renaud Piérard ainsi qu’au bureau d’études techniques et économiques Berim.

Une vision architecturale hautement valorisante
La présentation des collections se déploiera sur 2800m2 répartis sur deux niveaux, le premier en rez-de-cour présentant les œuvres datant du viie au xie siècle, le second en sous-sol débordant sous la galerie Daru et contenant les œuvres du xie à la fin du xviiie siècle, notamment le grand ensemble de tapis anciens. Les espaces seront recouverts par un voile lumineux discrètement diffusant, flottant sur la muséographie. Depuis l’intérieur des nouveaux espaces, en tout point du rez-de-chaussée, on apercevra les façades de la cour. Le projet muséographique refuse le morcellement spatial pour privilégier la continuité du parcours. La lumière naturelle est largement diffusée par le voile dont la peau multicouche est traitée pour en maîtriser l’intensité et éviter tout éblouissement.

Tous les détails techniques du chantier
La verrière est une nappe composée d’une résille de tubes ronds d’acier et de verre de forme libre. Elle est composée de deux surfaces, l’une à l’extérieur en verre de couverture avec des panneaux de protection solaire, et l’autre, en sous-face, avec une maille de métal en plafond. L’épaisseur de la nappe est variable, déterminée par les exigences d’épaisseur structurelle plus haute au droit des appuis sur les colonnes supports, plus mince sur les bords. La surface est composée de triangles dont la projection sur un plan horizontal forme des triangles isocèles rectangles d’environ 1,20m x 1,20m. Afin de suivre la surface ondulée, les dimensions développées des triangles varient en fonction de la pente. La décomposition de la surface en triangles permet des interfaces parallèles et jointives des bords entre panneaux de revêtement adjacents. Il s’agit de 2 352 triangles sur chaque nappe. Les deux nappes sont reliées par des montants verticaux. Cette composition facilite la fabrication et le contrôle géométrique de la réalisation de la charpente. La résille s’appuie sur 8 colonnes inclinées, articulées aux extrémités, et 3 « triangles » de contreventement sur les rives est, ouest et sud. Les façades verticales entre la nappe et le sol de la cour sont en verre clair. Les volumes de verre sont de largeur d’environ 2,40m, de manière à correspondre à la trame de joints de la résille métallique de la verrière. Ils sont de hauteur variable, entre 0,5m et 5,60m environ. Tous les produits verriers de base sont de type « low iron » ou « extra clair » purifiés des oxydes de fer.

Les travaux en sous-sol
Une excavation de 12m de profondeur a été faite, et quelques milliers de mètres cubes de terre ont été évacués par un unique accès de 2,7m de large. Elle va permettre la réalisation de deux niveaux enterrés : un niveau technique constitué d’un radier, où seront disposés tous les équipements gérant les espaces muséographiques ; un niveau parterre composé d’une dalle en béton armé. Le plancher du niveau rez-de-cour est composé d’une structure mixte acier/béton permettant de limiter l’emprise de poteaux dans les futurs espaces du musée. Cette cavité a été créée à l’aplomb des façades existantes. Les fondations ont été reprises et prolongées jusqu’au fond de la fouille. Pour cela, la technique du Jet Grouting a été utilisée : il s’agit de mettre en œuvre un jet de fluide à très haute pression pour déstructurer le terrain et le mélanger avec un coulis liquide. Ce procédé de mélange hydrodynamique terrain-coulis forme un « béton de sol » in situ dans la masse du terrain. Ces colonnes reprennent ainsi les efforts des piliers existants et les prolongent jusqu’à 10m de leur niveau d’origine. En parallèle, une galerie technique a été déplacée de plusieurs mètres afin de pouvoir laisser la place au projet.

Bouygues Construction, Total et Lafarge parmi les mécènes du projet
Le chantier a bénéficié du mécénat exceptionnel de Sa Majesté le roi Mohammed VI du Maroc, de Son Altesse royale le prince Alwaleed Bin Talal Bin Abdulaziz Al-Saud, de l’État du Koweït, du sultanat d’Oman et de la république d’Azerbaïdjan.
Les entreprises françaises Total et Lafarge ont aussi soutenu financièrement la construction de ces nouvelles salles. C’est ainsi que Thierry Desmarest, président de la Fondation Total, a déclaré : « Déjà mécène du musée du Louvre pour la restauration de la galerie d’Apollon ouverte à nouveau au public en novembre 2004, la Fondation Total s’est engagée, dès 2005, à participer à la création de ce nouveau département. Pour nous, il s’agissait d’abord de poursuivre dans la durée le partenariat noué avec le musée du Louvre et de l’aider à réaliser cet ambitieux projet. Mais, au-delà, cet engagement marque notre attention et notre intérêt pour la culture des pays d’Islam où, dans nombre d’entre eux, nous sommes présents de longue date et parfois depuis la création de Total. » Et Bruno Lafont, le P-DG de Lafarge, de renchérir : « Les valeurs de respect et de diversité portées par Lafarge s’incarnent dans ce projet d’une portée exceptionnelle, qui contribue au dialogue et au rapprochement des cultures et au rayonnement d’une civilisation remarquable au sein du patrimoine artistique et culturel mondial. » Parmi les autres mécènes, on peut noter Bouygues Construction, la Fondation Orange, Frédéric Jousset, Marazzi Group et Samuel H. Kress Foundation.

Surfaces créées
Espaces muséographiques : 4 600 m2
Surface totale : 6 500 m2, sur 3 niveaux
Calendrier du chantier
✓ Deuxième semestre 2010 : élévations
✓ Premier semestre 2011 : pose de la couverture
✓ Deuxième semestre 2011 : travaux des corps d’état secondaires
✓ 2012 : ouverture des nouvelles salles
Coût total du projet :
98,5 millions d’euros, incluant la construction, la restauration des façades, le chantier des collections, les aménagements muséographiques (y compris les salles adjacentes consacrées aux collections du bassin méditerranéen oriental à l’époque romaine et byzantine, période allant du ier au viiie siècles), et la médiation culturelle.

Les principales entreprises
Installation de chantier – hors maîtrise d’œuvre DAI : Altempo
Gros œuvre – reprise en sous-œuvre – assainissement : Laine Delau et Soletanche Bachy
Charpente – couverture – façades : Waagner-Biro
Électricité courants forts et faibles :
Forclum et Spie
CVCD/plomberie : Cegelec
Appareils élévateurs électriques : Otis
Étanchéité : Chapelec
Serrurerie – métallerie : Desmoinaux
Menuiserie : Bredy
Peinture : Flipo
Plafonds suspendus, cloisons, doublage : DBS
Faux-planchers, revêtement de sol : Monotile

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