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Menhirs détruits de Carnac, 7 ans pour oublier la fouille préventive prescrite

Début avril 2023, la construction d’un magasin de bricolage a débuté à Carnac. Le permis de construire ayant été délivré par la municipalité en 2022. Christian Obeltz, archéologue amateur, a dénoncé, début juin 2023, dans les colonnes de l’ association « Sites et Monuments » la destruction de 39 menhirs d’un site qui était référencé depuis 2015 dans la base Patriarche/Carte archéologique nationale (n°56 034 0240). Déjà, en 2014, un projet avorté de supermarché avait eu pour obligation la réalisation d’un diagnostic archéologique préalable. Cette opération réalisée par l’INRAP en mars 2015, a consisté à creuser 8 tranchées de 3 mètres de large, sur un terrain partiellement encombré de déblais, de déchets divers et de bosquets. Aucun vestige archéologique n’a alors été découvert. En revanche, deux anciennes clôtures dissimulées dans les taillis construites à partir de blocs dressés, reliés par des murets de pierre sèche sont apparues. Dans l’une des clôtures, les blocs avaient manifestement été déplacés pour construire le muret. L’autre ensemble était plus complexe d’interprétation. Les blocs de 0,50 à 1mètre de haut étaient implantés plus profondément dans la terre : « exactement dans leur place d’origine depuis 7000 ans » selon Christian Obeltz. A l’époque, devant la probable valeur de ces alignements, la DRAC Bretagne avait prescrit une fouille sur 2000 m² mais, aucune suite n’avait été donnée par le maître d’ouvrage puisque le permis de construire pour le supermarché avait été refusé pour des raisons non liées à l’archéologie. Lorsqu’en 2022, la ville de Carnac a été saisie par le même propriétaire d’une nouvelle demande de permis de construire, l’architecte des bâtiments de France a rendu un avis favorable. Dans un communiqué, la Drac défend cette position et le permis accordé « du fait du caractère encore incertain et dans tous les cas non majeur des vestiges tels que révélés par le diagnostic, l’atteinte à un site ayant une valeur archéologique n’est pas établie » oubliant la fouille préventive qui n’avait pas pu avoir lieu. Autre argument de poids, le PLU de la commune prévoit que la zone du projet est une zone d’activité. Pourtant, en 2015, l’INRAP disait en conclusion de son rapport qu’un « débroussaillage partiel avait permis d’identifier une vingtaine de stèles, agencées en file, pour lesquelles les caractéristiques morphologiques et les stigmates observés sur les surfaces suggèraient leur origine et pour certaines leur position primaire. »

https://www.sitesetmonuments.org/carnac-amenagements-brutaux-aux-abords-des-alignements-de-menhirs

 

Photo : un exemple de réemploi de menhir –  Wikimédia – Vassil