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Notre-Dame de Paris : un échafaudage à la hauteur de la situation

L’une des grandes particularités de ce spectaculaire échafaudage, conçu et réalisé par les équipes de ­Layher, est le rapport entre la structure et son usage : en effet, la réfection du faîtage ne nécessite que deux étroits planchers de travail de quelques dizaines de mètres de longueur… mais pour les mettre en place à 43m de hauteur sans endommager la cathédrale et en toute sécurité pour les intervenants, il a été nécessaire d’installer plus de 100t de matériel (Universel galvanisé) selon un plan de montage particulièrement technique et original. Le chantier se déroule en deux phases, l’une concernant les épis de la nef, l’autre les épis du bras nord du transept. Deux plates-formes à 23m et 43m de hauteur Dans la phase numéro un, une première plate-forme de stockage des matériaux, d’une superficie de 60m², a été élevée à 23m du sol, desservie par un escalier et un ascenseur. C’est à ce niveau que sont descendus du toit de la cathédrale et stockés les éléments décoratifs à restituer, avant leur transport vers les ateliers de l’entreprise Le Bras Frères, dans l’est de la France, où ils sont moulés et refaits avant leur repose sur site. La tour d’accès, qui donne sur la rue du Cloître, repose sur le trottoir, cerclée d’une enceinte de chantier avec un bardage anti-­intrusion haut de 6m. Ensuite, un second couple escalier/ascenseur permet d’accéder à une deuxième plate-­forme, à 43m. Cette plate-­forme supérieure est appuyée sur la charpente bois de l’édifice lui-­même. En fait, il s’agit donc de deux structures d’échafaudages imbriquées et posées l’une sur l’autre à l’aide d’un portique en charpente métallique. Les spécialistes ­Layher ont repéré par sondages les points durs sur la charpente, sur les entraits des fermes, dans l’axe central, et ont procédé à des cravatages des poutres. La recherche du centrage des efforts a été délicate et très précise, afin d’équilibrer les charges et de ne pas faire peser des poids insupportables sur les bois anciens. Une zone de travail suspendue et protégée En ce qui concerne la zone de travail des couvreurs/restaurateurs, des planchers étanches ont été installés de chaque côté du faîtage. Du côté sud, la structure est entièrement suspendue dans le vide. Un solide monorail à palan surplombe l’ensemble afin de pouvoir soulever, déposer puis reposer les épis, dont chacun pèse facilement 300kg. Et chaque table de plomb atteint les 200kg. Enfin, pour protéger l’ensemble du chantier des aléas des intempéries, un parapluie de type ­Couvralu d’une superficie de 150m² a été fixé : l’échafaudage final atteint ainsi une hauteur de 50m. Si les planchers intermédiaires sont prévus pour porter de 200 à 300kg/m², les zones de travail, elles, résistent à 600kg/m². La deuxième phase du chantier est identique à la première, un repiquage ayant été effectué à partir de la plate-­forme à 23m de haut pour monter une passerelle de liaison vers le faîtage du bras nord du transept du monument. Les difficultés du montage Le montage a représenté un véritable exploit technique, car de nombreux paramètres étaient, dès le départ, à prendre en compte : l’étroitesse de la rue du Cloître, la présence permanente de visiteurs aux abords de la cathédrale, et les conditions météo-rologiques. Pour protéger la circulation des véhicules et des personnes, des monte-­charge provisoires ont été utilisés afin d’éviter de multiples manutentions, et donc les éventuels risques de chutes de matériels. Le plus grand soin a été porté à l’intégrité des pierres de l’édifice, ainsi qu’à la statuaire : tous les appuis ont des protections, certaines losangées afin de faciliter l’écoulement des eaux pluviales. Sur cet échafaudage, il y a énormément de structures vides : il était impossible de placer partout des planchers, le poids total se serait alors révélé beaucoup trop important. C’est pourquoi les monteurs ont opté pour un système de planchers « en rotation », technique qui consiste à ce qu’un plancher soit posé à chaque niveau, lequel plancher montait de niveau en niveau au fur et à mesure de la progression du monteur. En outre, tout le pourtour de la structure a été équipé de garde-­corps extensibles, qui permettent d’assurer une protection collective dans l’ensemble de la zone (voir encadré). En ce qui concerne la partie suspendue, elle a été montée à 80% en protection individuelle : il n’était guère possible de faire autrement. À Notre-Dame, l’entreprise ­Layher s’était déjà vu confier l’échafaudage de la tour nord en 2005, et celui de la façade occidentale en 1997. Autant dire que les équipes étaient déjà en pays de connaissance. Mais chaque nouveau chantier patrimonial, on le sait bien, est toujours un défi unique. S. V. Le garde-corps de montage extensible Présenté pour la première fois lors de la dernière édition de ­Batimat, le nouveau garde-­corps de montage extensible de ­Layher a été conçu spécifiquement pour les configurations complexes où l’échafaudage MDS (montage-­démontage en sécurité) n’est pas envisageable. Il s’adapte à tous les cas de figure, et ceci, quelles que soient les marques des matériels utilisés. Il s’agit d’un montant à poignées de déverrouillage et d’une lisse télescopique se posant d’un seul tenant sur la longueur de l’échafaudage. Ainsi, le monteur le positionne depuis le niveau inférieur : les éléments étant tous reliés entre eux, la sécurisation se fait par niveau complet. C’est ce matériel qui a été utilisé pour le montage de la structure de Notre-Dame. Les principaux acteurs du chantier Maître d’ouvrage : Drac/Conservation régionale des Monuments historiques Maître d’œuvre : Benjamin Mouton, ACMH Échafaudages et BE : Layher Montage : Échafaudage Service (filiale de Layher) Couverture : Le Bras Frères Début du chantier : 2e trimestre 2009 Fin prévue du chantier : fin 2010 Budget des travaux : 1,670 million d’euros

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