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Renouveau campanaire dans le Pas-de-Calais

Muettes depuis 2014, les cloches de la cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer ont de nouveau sonné en ce dimanche de Pâques 2017. Une renaissance qui intervient après un vaste chantier portant sur le beffroi et les cloches qu’il supporte.

La sortie des cloches s’est faite par une ouverture réalisée au niveau des fenêtres grâce à un échafaudage s’élevant à 44m.
Photo : BODET

Chef-d’oeuvre classé au patrimoine depuis 1840, la cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer est considérée comme le plus bel édifice religieux de la région. Construite du 12e au 16e siècle, elle est le dernier témoin de l’art gothique des provinces du Nord et renferme des éléments exceptionnels : un tableau de Rubens, des sculptures de Du Broeucq, de grandes orgues du 17e et du 18e siècles, une horloge astrolabe datant de 1558 signée Pierre Enguerrain, horloger de Saint-Omer. Mais la cathédrale possède un autre joyau : ses cinq cloches. La plus ancienne, le bourdon, remonte à 1474 et pèse 5,3 t pour un peu plus de 2 m de diamètre, tandis que la cloche de la retraite, datant de 1686 et pesant 600 kg, est la seule à être classée à l’Inventaire des Monuments historiques. On trouve aussi Marie 1, fondue en 1831 et qui est en fait un second bourdon, et Marie 2 (1855). À cela s’ajoute une cloche sans nom, réalisée en 1933, qui n’aurait pas été bénite, d’où le fait qu’elle soit dite anonyme.

En début d’année 2017, la cloche numéro 4 de 1636 et son battant ont été restaurés en atelier.
Photo : BODET

Quand les cloches ne sonnent plus

En 2014, toutes les cloches de la cathédrale, hormis le carillon, se sont tues, par mesure de sécurité. Cette décision prise par la Municipalité et la Paroisse est intervenue suite au passage de l’entreprise Bodet, venue réparer une petite cloche sonnant les heures de l’horloge astronomique. « Nous avions des doutes sur l’état des installations campanaires et avons proposé de réaliser un audit de l’ensemble », explique Rémy Couerbe, directeur régional de l’entreprise. Le constat est alors sans appel : le beffroi et la charpente supportant les cloches sont en très mauvais état. En 2015, la société Bodet se voit attribuer les travaux de remise en état mécanique des cloches, la fourniture d’une nouvelle cloche en accord avec celles existantes et l’électrification de celles-ci. Quant à la restauration du beffroi, elle est confiée à l’entreprise Asselin.

Remontage des cloches après restauration.
Photo : Bodet

Un chantier complexe

Une première tranche de travaux, engagée en juillet 2016, a consisté à déposer et descendre les cloches. Une opération délicate, comme l’explique Rémy Couerbe : « Nous ne pouvions pas passer par l’oculus car son ouverture risquait d’endommager les grandes orgues situées en dessous. Il a donc fallu intervenir par l’extérieur, en utilisant l’échafaudage et des grues perchées à 40 mètres de hauteur ! » Trois des cinq cloches ont ainsi été descendues et exposées dans l’église, tandis que les deux autres, trop grosses pour passer par les fenêtres, ont été laissées sur place : elles sont restées en suspension à l’intérieur du clocher et maintenues par un système de portiques sécurisé réalisé sur mesure.

Une cloche en plus

Pour restaurer le beffroi, il a fallu faire entrer 29 t de chêne par les ogives qui abritent les abat-sons ; les poutres ont ensuite été assemblées sur place pour former la nouvelle structure. Pendant ces travaux, une des trois cloches descendues, celle de 1686, ainsi que son battant, ont été transportés dans les ateliers de Bodet car elle risquait d’être fêlée : les quatre bords de frappe ont été rechargés en métal (de l’airain en l’occurrence) et une nouvelle bélière a été soudée. Une sixième cloche, neuve celle-ci, a par ailleurs été ajoutée à la demande de l’association Les Amis de la Cathédrale de Saint-Omer : réalisée par la fonderie néerlandaise Royal Eijsbouts, elle vient compléter la gamme des sonneries. Prochaine étape : la dépose de l’horloge astronomique et sa réinstallation dans un lieu plus visible afin de mieux la mettre en valeur.

Cet article est disponible dans le n°75 d’Atrium Construction >