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Restauration d’envergure de la cathédrale de Belley

La cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Belley (Ain) n’avait jamais fait l’objet à ce jour de véritable campagne de restauration depuis sa reconstruction dans les années 1840 à l’exception de la restauration des décors peints et des vitraux effectuée entre 1992 et 1996. Si aucun désordre n’était apparent sur la structure globale de l’ouvrage, sur les parements extérieurs, des chutes de pierre se répétaient depuis plusieurs années.

Des altérations structurelles graves ont été découvertes sur les baies hautes. Les échafaudages ont permis un examen rapproché des seize statues sommitales ornant la tour-clocher de la cathédrale. Le laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH), service à compétence nationale du ministère de la Culture, a été sollicité par Olivier Naviglio, architecte en chef des monuments historiques et la DRAC afin d’examiner et d’analyser l’état des statues.
Après une visite sur place en juillet 2018, le LRMH a rendu ses conclusions :
– les statues sont lourdement altérées : fissures le long des joints stylolithiques (discontinuités très irrégulières dans la roche calcaire), fissures liées à la corrosion des tiges d’ancrage des statues dans les pinacles, desquamation…
La décision a été prise de les déposer et d’en faire des copies. Les statues originales seront conservées, nettoyées et présentées sous le porche de la cathédrale.

Après nettoyage et examen rapproché, les pierres de taille constituant le couronnement du clocher et les meneaux des baies de la chambre des cloches ont montré de très fortes altérations mettant en péril la stabilité, et la conservation des ouvrages pouvant engager la sécurité du public. La dépose des marches du parvis, au droit de l’ascenseur de chantier, a montré des pierres très endommagées en sous face. Ces fragilités engendrent des casses systématiques lors des déposes. Les pathologies en élévation étaient masquées par le niveau d’encrassement de certains ouvrages, et par la position des cadres des abat-sons qui dissimulaient les meneaux des lancettes des baies hautes.
Le mauvais état de conservation de ces ouvrages très exposés provient de :
– l’hétérogénéité des pierres mises en œuvre. Certaines pierres
proviennent de bancs de carrière inadaptés présentant des joints
stylolithiques engageant la solidité des ouvrages dans le temps ;
– d’un défaut de conception provenant de calepins de pierre inadaptés, des liaisons de pierre constituées de crampons métalliques corrodés, des pierres d’emmarchement ayant, pour certaines, une contrepente provoquant une pénétration d’eau par le joint de pose (l’humidité permanente génère des effets de gel qui
fragilisent et finissent par altérer la pierre) ;
– de réparations anciennes hasardeuses n’ayant pas apporté une
action curative pérenne.
Le remplacement de tout ou partie de ces ouvrages a donc été rendu nécessaire pour assurer la stabilité et la conservation du massif occidental de la cathédrale, ainsi que la sécurité du public.
Ces travaux complémentaires consistent à :
– réaliser un étaiement des baies de la chambre des cloches ;
– mettre un échafaudage lourd en périphérie de la chambre des cloches pour la mise en œuvre des meneaux ;
– remplacer les pierres de taille des ouvrages sommitaux (balustrades, festons, pinacles) intégrant une modification de calepin de certains ouvrages (balustrades et festons) ;
– remplacer dans leur ensemble les meneaux altérés de la chambre des cloches ;
– mettre en place une armature afin de limiter l’effet de flambement des meneaux ;
– remplacer des pierres constituant l’emmarchement du parvis ;
– remplacer quelques ouvrages de sculptures complémentaires très altérés.

Coût de l’opération : 2, 917 millions € TTC dont 1,2 millions d’euros dûs à la copie de la statuaire et aux travaux structurels imprévus financé à 100% par l’État/ministère de la Culture – DRAC Auvergne-Rhône-Alpes

Photo : Denis Grandcler, DRAC Auvergne-Rhône- Alpes