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Un sarcophage en plomb à Arras

Un sarcophage antique en plomb, mis au jour à l’occasion d’un diagnostic archéologique réalisé en juillet 2020 à Arras, a été ouvert mardi 19 janvier 2021 sous la surveillance d’un conservateur-restaurateur du métal du Centre de conservation et d’Étude (CCE) de Ribemont-sur-Ancre dans la Somme en présence de Luc Vallin et Laetitia Maggio, conservateurs du patrimoine au Service régional de l’archéologie (SRA) de la Drac Hauts-de-France. Le squelette est actuellement en cours de fouille et fera l’objet d’une étude anthropologique à la Direction de l’archéologie du Pas-de-Calais.

Suite à la demande d’extension d’un supermarché rue Auphelle à Arras, le Service régional de l’archéologie de la Drac Hauts-de-France a prescrit un diagnostic archéologique afin de préciser le potentiel du terrain. A ce titre, seule une petite partie du terrain prévue pour l’aménagement a été ouverte, soit ici 6%. Une nécropole antique est partiellement connue dans ce secteur sud de la ville d’Arras par des attestations anciennes. Plusieurs sépultures ont déjà été mises au jour épisodiquement, depuis un siècle, au rythme de l’urbanisation du secteur. Par ailleurs, les nécropoles antiques sont traditionnellement installées en dehors des villes, or nous sommes en périphérie de Nemetacum, la ville d’Arras antique

Le diagnostic a été réalisé par le service archéologique d’Arras, sous la responsabilité de Mathieu Béghin et sous le contrôle des services de l’État. Parmi les 43 sépultures à inhumation antiques repérées, seules quelques-unes ont été intégralement fouillées dont une contenait un sarcophage en plomb d’un poids de 400 kg. Une découverte rare dans le Pas-de-Calais, en effet 3 sarcophages en plomb ont été découverts antérieurement à Arras sans être conservés après leur découverte. A Amiens, une trentaine de sarcophages en plomb ont déjà été mis au jour et plusieurs autres dizaines dans le reste de la Gaule, en particulier dans les grandes villes antiques.

Daté du IVe siècle après J.-C. (Bas-Empire romain), ce sarcophage en plomb témoigne du statut privilégié du défunt, car si le matériau est peu onéreux, la mise en forme et le décor sont plus coûteux. Les clous retrouvés autour du sarcophage prouvent que ce dernier était contenu dans un coffre en bois qui s’est décomposé avec le temps. Le poids des gravats en calcaire reposant sur le coffre après l’inhumation a donc porté à un moment uniquement sur le sarcophage en plomb, provoquant son affaissement et sa déformation. Ce type d’inhumation dans la région se rencontre uniquement entre la fin du IIe siècle et le IVe siècle ap. J.C. Le décor géométrique composé de 8 motifs de baguettes croisées par deux ou trois est assez courant sur les sarcophages en plomb de cette époque. Aucun matériel funéraire accompagnant le défunt n’a par ailleurs été retrouvé.

 

Photo : Laetitia Maggio – Drac Hauts-de-France